L'amour, c'est un sentiment qui n'est pas mien. | Lucas & Alice

I. On ne s'avoue vaincu que si l'essai est un échec.

Assise nonchalamant sur le banc de la cuisine, Alice dégustait un gâteau au chocolat. La Serpentard avait réussi à soudoyer les elfes pour qu'on le lui prépare et d'ailleurs, elle y arrivait pratiquement tout le temps. Ainsi, elle mangeait, un pied talonné sur le banc, un regard vide, illuminé en même temps d'une lueur exaltante. Ce qu'il s'était passé ces derniers temps la chiffonait un peu. Cette scène qui tournait en boucle avec "Jordan", ce nouveau baiser... Alice rougit légèrement, sans montrer aux elfes qu'elle réflechissait à quelque chose de gênant. Tellement inexpressive, on avait du mal à savoir si elle rougissait réellement ou si elle avait juste froid.

On se fichait pas mal si elle rougissait ou pas d'ailleurs. On y prêtait pas vraiment attention... Enfin, non, c'était ironique de penser ça tout de même, mais bon, elle se comprenait. Après son goûter du soir, Alice sortit de la cuisine, longeant le couloir, chantant le même refrain.

« San banme arisu wa osanai ko. kirei na sugata de, fushigi no kuni.
ironna hito o madowa se te, okashina kuni o tsukuriage ta.
sonna arisu wa, kuni no joou.
ibitsu na yume ni tori tsukare te.
kuchi yuku karada ni obie nagara, kuni no chouten ni kunrin suru. »

Sa voix enchanteresse résonnait dans le couloir vide. Qui à cette heure-ci la découvrirait ? Sans prêter gare, Alice bousculait quelqu'un qui sortait de la salle des Poufsouffles. Elle eut un mouvement de recul, fronçant les sourcils. Elle relevait les yeux sur l'élève qu'elle avait bousculer et s'aperçut avec non la moindre des surprises qu'il s'agissait de Lucas. Oui le Lucas qui la suivait un peu partout. En cachette, forcément, mais elle l'avait remarqué.

« Fais attention, la prochaine fois. »

Même si ce n'était pas lui le fautif, mais il était tellement chétif qu'il était facile de le manipuler.

II. Jouer de l'autre.

Concrètement, qu'avait-il, lui, à la suivre de la sorte ? Il était vrai qu'on lui posait des tas de questions ou qu'on lui apportait des rumeurs sur son compte, mais Alice n'y faisait jamais attention et ne démentait rien à son sujet. Elle se fichait pas mal de ce qu'on disait sur elle. Il se bougeait, lui laissant la place et s'excusant en prime. Elle le fixa hautainement, mais reprit bien vite sa route. Après quelques pas, elle se retournait vers lui, intriguée.

« Je me posais une question à ton sujet... Pourquoi tu me suis en te cachant ? »

De quoi le mettre dans l'embarras, n'est-ce pas ? Il nierait les fait, mais elle savait quoi répondre face à cela. Elle s'approcha de lui, histoire d'être face à face, assez proches pour qu'il se mette lui-même dans une situation embarrassante. Et pour le plaisir de le voir perdu, il fallait l'avouer. Elle esquissait un sourire sadique.

« Tu crois que je ne t'ai pas remarqué ? Tu te caches très mal, crois-moi. »

Son père lui disait de ne pas jouer avec les sentiments et mettre les gens dans de telles situations, mais elle en prenait pas conscience, elle disait simplement "Je comprend" mais ça rentrait par une oreille, ça ressortait aussitôt par l'autre. C'était comme ça. Elle ne pouvait pas faire autrement que d'être sadique et de jouer avec les sentiments, elle qui les avait perdus, voir les autres s'exprimer par leurs sentiments était quelque chose qui ne lui faisait pas grande émotion. Elle se fichait royalement d'autrui. Peut-être... Sauf de deux personnes. Elle attendit la réponse du Poufsouffle, silencieuse et souriante.

III. A ses risques et périls.

Et il s'excusait encore. Alice était tombée sur le garçon le plus chétif de la planète ou quoi ? Elle ne s'en plaignait pas cependant, laissant un sourire s'imprimer sur ses lèvres. Il rougissait, il la fuyait du regard. Quelques symptômes bien courants chez les jeunes qui avaient l'air complètement perdus dans un défilé d'émotions qu'elle-même ne connaissait plus les saveurs. Elle avait tendance à jouer avec ces sentiments plutôt que de les retrouver. Elle n'en avait pas la force. C'était la seule chose qu'Alice n'avait pas la force de vouloir. Si c'était pour souffrir comme elle voyait les autres souffrir, ça n'en valait strictement pas la peine. Elle s'approcha un peu plus de lui, l'observant dans ses moindres détails. Elle voulait observer sa réaction, histoire de jubiler au fond d'elle. Comme quelques uns, il la fuyait du regard. Comme tout le monde, ou presque. Mais cette façon de fuir la Serpentard était différente. Pourquoi ? Ah oui, parce qu'il l'aimait. Il venait de l'avouer, à ses dépends. Et il voulait partir comme ça, sans rien dire ? Il rêvait !

« Partir ? Ça vient à peine de commencer. »

Elle prit le bout de la cravate du jeune homme, l'attirant d'un coup sec vers elle, jusque assez pour que leurs lèvres ne se touchent pas encore. Elle pouvait sentir le souffle du Poufsouffle contre son visage, mais elle ne fit rien. Même pas une grimace, continuant de sourire. Comment pouvait-on tomber amoureux d'elle ? Il fallait non seulement avoir du cran, mais il fallait être également suicidaire. Ses lèvres frôlèrent celles de Lucas et dans un murmure froid et sensuel, elle lui demandait.

« Ne me dit pas que tu as peur... ? »

Elle tirait une nouvelle fois sur la cravate du jeune homme, pour que leurs lèvres se touchent, scellant un baiser. Elle aimait se jouer des autres de la sorte, certains étaient tellement plus amusants que d'autres. Lucas faisait décidément partie de la catégorie de ceux avec qui elle aimait plus particulièrement jouer. Elle savait cependant que le jaune et noir était timide et qu'il était non pas différent, mais à part du lot. Pas comme Tom, qu'elle classait dans une catégorie unique. Elle ne le touchait pas cependant, ne lui donnant qu'un baiser à la fois brutal et sensuel. Elle voulait lui faire croire à quelque chose. C'était mesquin, méchant, cruel, tout ce qu'on voulait, mais c'était Alice. Le mouton noir qu'on évitait comme la peste. Cette jeune femme qu'on ne voyait que comme un monstre. Allait-il y croire ? Elle savait que oui. Elle en était persuadée même. Elle lui mordit la lèvre, gentiment, qu'il comprenne. Elle rompait le baiser, se reculant d'un pas. Un sourire froid sur les lèvres. Ce sourire s'échappait aussitôt et Alice redevint comme avant qu'il ne se dévoile à elle.

« Ainsi, tu fuis devant quelque chose d'aussi idiot ? Vraiment... »

Il n'y avait qu'un seul moyen de lui apprendre à faire face. Ne vous méprenez pas, Alice ne voulait pas l'aider, ni même avoir pitié de lui. Mais quelque part, elle avait envie de façonner quelqu'un à -presque- son image. Qu'il devienne quelqu'un de moins... Bête. L'idiotie rendait plus idiot qu'idiot. Elle se comprenait.

« Retrouve-moi dans une des salles vides. J'ai quelque chose à t'apprendre. »

Elle lui tournait le dos, mais avant de partir, c'est sèchement qu'elle parla une dernière fois avant de partir.

« Tu as intérêt de venir. Si tu me fais prendre racine, tu auras une mauvaise surprise plus tard. Crois-moi. »

Elle prit la route, vers la salle commune des Serpentards. Si il ne lui obéissait pas, il fallait s'attendre à un retour de foudre apocalyptique. Surtout, avec Alice.

IV. Prendre des risques pour s'affronter.

Elle l'entendit donc affirmé qu'il viendrait. Pendant qu'elle marchait, elle répondait qu'il devait la rejoindre à la dernière porte, dans le fond du couloir. Une fois dans la salle commune, Alice prenait la direction des dortoirs féminins pour aller y chercher ses trésors. Logiquement, apporter des objets moldus n'était pas toléré à Poudlard, mais rien n'interdisait de les enchanter. Et justement, elle les avaient enchanter de sorte à ce que ces bijoux soient faits de sorte à ne pas blesser. Et puis on la séparait pas de sa Rapière Wallone Anglaise. Elle en avait besoin, comme de ses bonbons. D'ailleurs, qu'elle pense à prendre une bonne poignée, car ce qu'elle s'apprêtait à faire, méritait bien cela. Une compensation. Habillée comme elle l'était, les mouvements graciles seraient plus confortables. Sa ceinture, les épées, les bonbons... Elle avait tout. Les autres filles dormaient toutes paisiblement, alors qu'elle fermait la porte pour sortir de cet endroit. Pas qu'elle n'aimait pas la salle commune des verts et argents, mais elle n'avait pas de temps à perdre.

Elle entrait dans la pièce, vide. Il n'y avait plus rien qui traînait, sauf des meubles qui avec le temps, prenaient la poussière et tombaient en lambeaux. D'un simple coup de baguette, les bougies encore présentes s'illuminèrent intensément, éclairant la pièce. Il n'y avait plus qu'à attendre. Alice s'installait donc sur un meuble, couchée de tout son long, la tête en arrière.

La porte s'ouvrit enfin, laissant apercevoir une silhouette masculine dans l’entrebâillement de la porte. La Serpentard se relevait, pour l'observer. Il était là, comme il l'avait dit. Encore heureux pour lui, sinon, ça aurait très mal fini. Elle lui sourit, descendit du meuble, s'approchant de lui. Elle l'attira vers elle, reculant, jusqu'à ce que leur proximité devienne restreinte par un meuble. Elle était entre lui et la commode et il fallait dire qu'elle avait le don de provoquer. Une de ses jambes passa entre celles du garçon et un sourire effleura ses lèvres roses.

« Je suis... Contente que tu sois là. On va pouvoir commencer. »

Elle l'attira plus vers elle, l'embrassant à nouveau. Puis, rompant le baiser, elle se libérait de l'étreinte, s'approchant de l'étui reposant sur une table. Elle l'ouvrit, sans dire un mot. L'argent brillait intensément, signe d'un soin régulier et minutieux. Elle se tournait vers Lucas, les deux épées dans les mains. Elle tendit la plus étincelante, celle d'argent, un peu plus lourde que l'autre. Entre une fausse et une vraie, la différence était nette.

« Prends-la. »

Elle attendit qu'il la prenne puis renchérit.

« Tu as déjà entendu parler de l'escrime ? Et bien, c'est l'occasion d'essayer à manipuler une épée. Fais attention, celle que je te donne est la mienne. Et celle-là, faut pas jouer avec, c'est une véritable épée. »

Elle se mit à l'opposé de la pièce, déjà droite, l'épée dans sa main droite fermement tenue.

« Tu vois, tu ne dois pas fuir devant la réalité. Si tu t'échappes, tu n'auras pas le choix ; tu feras à nouveau face à cette réalité. Alors soit t'y fait face maintenant, soit tu redémarres à zéro. Dans les deux cas, tu devras affronter cela. Ou tu fonces, ou tu restes un idiot toute ta vie. Manipule cette épée, réfléchis aux actes et prévoit. En garde maintenant. »

V. Fais-y face. Maintenant.

Non, bien sûr que non qu'il ne savait pas en faire ! Mais pour Alice, c'était une occasion rêvée pour pouvoir reprendre du ''service''. Cela lui démangeait de ne plus avoir toucher de Rapière, fausse ou vraie, depuis le début de l'année.

« Bien sûr que non, tu ne sais pas en faire. Prends-la maintenant. »

Il soupira de désespoir, mais elle n'en tint pas compte. Elle se contentait de l'observer, préparant ses coups à l'avance. Elle se mit en garde, alors qu'il disait avoir peur de la réalité. Elle roula des yeux, en soupirant. Elle avait choisi le bon, franchement... Plus il apprendra à y faire face, plus il deviendra fort et moins timide. Mais rapidement, vive comme l'éclair, elle fonça sur lui, l'épée levée qui frôla la joue de Lucas. Elle laissa une lueur noire s'amplifier dans ses yeux.

« Fuir ne te servira à rien. Si tu veux avancer au lieu de reculer, tu dois apprendre à faire avec. La première chose que tu dois faire, c'est avoir confiance. Et la première personne à faire confiance, c'est toi-même. Si tu n'acceptes pas qui tu es vraiment, tu continueras à être un lâche, un moins que rien. Est-ce vraiment ce que tu veux être ? »

Elle reculait de quelques mètres, revenant à son point de départ. Alice se mit en garde à nouveau, prête à être attaquée. Si elle voulait qu'il soit comme elle le voulait, elle n'avait pas d'autres choix que le mettre au pied du mur, qu'il n'ait aucune autre alternative pour se défiler comme un con.

« Attaque-moi, fonce en ayant bien réfléchi. Si tu ne le fait pas, c'est moi qui te toucherai. Et cela prouvera encore une fois que t'as vraiment envie d'être un mec complètement mou. »