Se balader comporte des risques | Alice & Tom.

I. Se balader comporte des risques.

Les vêtements volaient, de jolis chemisiers, propres qui frolaient le sol de leurs poids. Le lit de la Serpentard était retourné, les tiroirs retirés et tout ce qui était à l'intérieur était dispersé sur le sol. Impossible de nier, Alice cherchait ses bonbons. Son énorme paquet qu'elle avait acheter en début d'année. Mais bien sûr, on s'en doutera, il avait malencontreusement disparu. Au fond de l'estomac de la noirette ? Oh sans nul doute oui. Il fallait absolument qu'elle aille à Pré-Au-Lard pour en acheter. Mais cela comportait des risques; il fallait qu'elle soit discrète, ou pas ? Si on s'amusait à la suivre ou quelque chose comme ça, c'était foutu... Non, elle devenait parano, là. Mais son regard brillait de démence, la panique ? Il fallait qu'elle y aille, elle n'avait pas le choix, vivre sans, c'était impossible.

Ainsi, Alice prit l'initiative de partir pour le village, habillée d'un manteau noir en laine et les cheveux attachés de son éternel ruban en soie vert. Sa robe, bien qu'elle ne se voyait pas, bombait la taille de la jeune femme. Alice courait presque, l'impatience se faisait sentir... Arrivée au village, la demoiselle entrait en démontant -presque- la porte d'Honeydukes. Le caissier la regardait bizarrement, mais elle n'y prêta aucune attention, trop obsédée par les sucreries et l'odeur de guimauve qui alertait tout ses sens. Elle fonçait dans le rayon des sucreries étranges et, ô joie, son regard s'illuminait l'espace d'un instant devant ce paquet de bonbons au sang. Ni une, ni deux, la noirette prit deux paquets, son éventuel "au cas où" défintiviment imprimé dans son esprit. Le caissier continuait de l'observer bizarrement, alors qu'il emballait les paquets sur le comptoir. Non, honnêtement, Alice avait un regard dément. Ce sourire expressif, vicieux s'emportait sur ses lèvres, bien qu'il était crispé. Une fois le sac entre ses doigts, et après avoir payer, la Serpentard s'enfuit, pour une liberté qui lui allait si bien.

Elle finit par s'arrêter devant un arbre, dans le parc de Poudlard, poussant au passage deux ou trois escargots. Le sachet entre ses dents, la demoiselle grimpait à l'arbre et, consumée par cette avidité de tout dévorer, elle arrachait le premier paquet, l'ouvrant avec brutalité. Une, deux, trois, quatre, cinq bonbons furent engloutis d'une traite. Fallait dire que lorsque l'on parlait d'addiction, on pouvait facilement mettre Alice Azura Morgan dans le contexte. Quoi qu'il en était, elle finissait par se détendre et s'installer à son aise sur cette branche d'arbre. Les pieds dans le vide, elle les balançait et le "bonheur" l'envahit un instant.

« Divertis-moi avec ton cycle complet le plus distingué
Mon visage arborait un grand sourire, je mangeais tout
Je dévorais complétement le doux morceau dans ma bouche, léchant chaque coin, "je suis fascinée"

Divertis-moi avec ton cycle complet le plus distingué
Des sorts d'amour, des mots d'amour
Faites-les avec de l'épice
'Je t'aime tellement, je pourrais te manger"

Tu es mien
Personne ne t'éloignera de moi, nous ne nous séparions pas
A l'intérieur de mon corps... »

Elle ne fit pas attention à des bruits de pas, aussi silencieux soient-ils, elle en fut alertée, mais ne dit rien, préférant avaler quelques bonbons supplémentaires. Un filet de bave s'échappait de ses lèvres lorsqu'elle aperçut celui qui s'était approché de l'arbre. La surprise s'emparait de son visage un court instant. Et, ce souvenir refit surface. Le baiser, ce baiser. Il ne fallait pas se leurrer, ce n'était rien d'autre qu'une perte de contrôle entre eux et elle savait qu'il était avec quelqu'un d'autre de toute façon. Elle reprit le contrôle d'elle, avant de se pencher légèrement. Il l'avait entendu, cela n'en faisait aucun doute... Plus la peine de se cacher donc. Mais que dire face à lui ? Tout ce qu'elle parvint à faire, fut de se renverser la tête à l'envers et lui tendre un bonbon.

II. Le fruit du hasard.

Il prit le bonbon proposé et s'adossa au tronc d'arbre. L'éviter ? Il était vrai qu'ils ne s'étaient plus revus depuis "l'accident", enfin, depuis le baiser. D'ailleurs, il ne fallait peut-être pas en parler, si ? Et puis merde, pas besoin de se torturer l'esprit pour rien ! Elle se contenta de l'observer inexpressive quelques instants, puis de dériver vers l'horizon. Toujours la tête à l'envers, elle lui répondit calmement.

« Pas du tout. Le simple fait que je sois "antisociale" joue quelque chose. Si nous ne nous sommes pas revus depuis notre "accident de contrôle", ce n'était pas pour t'éviter. Je suis solitaire et si on se retrouve ici, c'est simplement le fruit du hasard. »

Elle voulait être rationnelle, se dire ça plutôt que le fait que ce soit le destin qui les ait poussé non seulement à la faute, mais aussi à se revoir, ici. Pourquoi fallait-il que ça lui arrive, elle qui ne ressentait plus rien envers les autres ? Il avait réussi son coup, mais ce n'était pas pour autant qu'elle allait se laisser manipuler, elle n'était pas comme ces filles qui lui tournent autour comme des vautours pour ensuite croire au grand amour. L'amour, c'était pour les faibles et tant qu'on ne montrait jamais ses sentiments, l'on deviendrait plus fort. Pour leur part, elle savait bien qu'ils n'étaient pas du genre à avoir beaucoup de sentiments à exprimer, voire quasiment pas du tout. D'un simple mouvement, ses pieds claquaient le sol. Elle se mit à côté de lui, ni trop proche, ni trop éloignée. Son regard continauit de fixer l'horizon, voilé de ce ciel gris. Quel temps pourri n'empêche. Ses talons s'enfonçaient dans le feuillage rougeoyant qui craquait sous cet effet.

« Je n'ai pas à te renvoyer la question, je sais que tu es entouré et que tu as d'autres choses à te préoccuper. »

C'était clair, net et précis. Il n'y avait aucun besoin de lui renvoyer la question, il avait bien plus à faire qu'elle finalement, non ? De plus, il n'irait pas à sa rencontre, on ne rêvait pas. Pourtant, ne s'était-il pas rapproché à l'entente des papiers frôlés de ses bonbons ? Peu importe, les idées fixes, c'était pour les imbéciles.

III. Mentir pour se protéger.

Décidément, il jouait avec le feu. Elle fermait les yeux en fronçant les sourcils. Elle sentait son corps se laisser bercer par cette voix calme et pourtant si froide, comme la sienne. Elle avalait un bonbon d'une traite. Fallait pas non plus qu'elle se laisse prendre au jeu. Si elle le faisait, il la prendrait pour une idiote. Ou pas ? Oh et puis, rien à faire.

Sa main frappait le tronc, elle avait l'air énervée, mais il ne fallait pas se fier aux apparences. Ce jeu commençait à devenir plus que lassant. Il lui voulait quoi ? Et elle, qu'est ce qu'elle lui voulait ? Il était temps de mettre les point sur les "i" et de se débarasser de ce souvenir. Leurs visages étaient proches, beaucoup trop proches, mais maintenant, Alice se ficihait du reste.

« Cela l'était pour toi ? Non, alors pour moi non plus. De plus, que cherches-tu avec moi ? A jouer un jeu ? Je ne suis pourtant pas la "proie" idéale, car tu finiras par te lasser de moi. »

Ses doigts se crispèrent contre le tronc, arrachant un peu de bois. La marque de ses griffes s'imprimait sur l'arbre et "Jordan" pouvait ressentir certainement le souffle chaud et érrintant d'Alice contre son visage. Elle ne savait pas où tout cela allait les ammener et de toute façon, au point où elle en était, ce n'était rien du tout. Son visage s'approcha plus du sien, laissant son regard entrer dans celui de son interlocuteur.

« ... Cela ne me laisse pas complètement indifférente, mais... Mais entre toi et moi, ce n'est rien. »

Du moins, elle l'imaginait.

IV. Rougissait-elle, ou était-ce le froid ?

La vie est un jeu... Elle resta un peu surprise, avant de continuer. Un jour, il la laissera, elle tentait de se convaincre, tout pouvait arriver non ? Elle tentait de se convaincre, de continuer de réflechir, pour ne pas laisser l'opportunité à son esprit de trop se laisser faire par ce garçon qui depuis le début, avait beau être intéressant, il n'était pas comme les autres. C'était du n'importe quoi tout ce qui traversait sa tête à ce moment là. La colère, la folie, l'envie de l'embrasser. Tout se mélangeait, se fragmentait. Un gros n'importe quoi qui prenait tellement de place. Pourquoi ne pas se laisser tenter par le diable lui-même ? Bonne question. Le fait était qu'elle ne voulait pas être amoureuse ou de se laisser prendre par quelqu'un qui ne la désirait pas. Ne faisait-elle pas la même chose ? Ils se ressemblaient, sur tellement de points qu'elle avait l'impression de faire face à son propre reflet masculin.

Elle s'arrêtait de lui parler, alors qu'il retrécissait l'espace entre-eux. Elle ne fit rien pour stopper le geste, elle se contentait de l'observer, incertaine. Non, elle n'était pas certaine, elle devait pourtant se taire, ne pas laisser le reste reprendre contrôle. Mais, au final, ce fut son corps qui se laissait berner. Leurs lèvres se touchèrent encore une fois et cette fois-ci, Alice ne pouvait plus résister. Elle l'agrippa par les vêtments, resserant leur étreinte et approfondissant le baiser. A ce moment là, Alice réalisa. Elle ne pourrait aller contre ce qui les attirait.

Elle rompait le baiser doucement, n'ayant plus conscience du temps ni même du froid. Elle se reculait légèrement avant de lui tourner le dos en effleurant ses lèvres de ses doigts. Et maintenant, comment rompre le silence ? Sa main libre dans sa poche, elle faisait glisser les bonbons entre ses doigts. Rougissait-elle, ou était-ce le froid ?

V. Madness.

Elle sentit ses mains se poser sur sa taille, mais n'eut même pas la force de risposter. Le contact humain, quelque chose qu'elle n'avait pas l'habitude de supporter et pourtant... Voilà qu'il... La touchait. On ne pouvait pas mieux dire, ils venaient de s'embrasser, là. Elle n'avait aucun droit sur lui et lui non plus, alors pourquoi, malgré qu'il ait une petite amie, il était comme ça ?

Elle ne le comprenait pas et d'ailleurs, elle ne comprenait plus rien. Finalement, pour cette fois, elle n'allait pas anticiper, elle laisserait faire les choses comme elles viennent point final. Il disait pourtant bien que tout cela n'était qu'un jeu, non ? Elle ressentait tout de même quelque chose entre-eux, quelque chose d'invisible mais qui les poussait à la folie d'un tel acte. Sans bouger, son regard changea de direction, fixant sa gauche. Et si il y tenait, elle essayerait au moins de lui dire bonjour, une fois comme ça. Eh, même si elle épprouvait une certaine réticence. Si ils n'arrivaient pas à se contenir, ça finirait mal. Elle ne doutait pas des compétences du jeun homme, ni des siennes d'ailleurs, c'était simplement à titre préventif. Il n'y avait qu'avec lui, définitvement, qu'elle ne se sentait pas "menacée" et qu'elle se laisserait faire de la sorte. Elle sentait, même au travers de son manteau, le coeur du jeune homme battre sereinement. C'était comme si il battait en synchronisation avec le sien. Elle sourit, du coin des lèvres.

« Mais je ne t'évitais pas. »

Son humeur taquine se réveillait lentement. Oh, elle pouvait aller le faire croire à n'importe qui, mais elle savait qu'avec lui, c'était différent. Ah, c'était compliqué quand même. On pouvait sentir cette note taquine, elle se moquait, gentiment. Provoquait-elle encore le jeune homme ? Peut-être, tout était possible.

VI. Et si je te kidnappais ?

Les doigts du jeune homme passaient lentement sur son ventre, resserrant leur étreinte. Le risque qu'elle lui faisait courir ? Lui seul était responsable de ses actes, pas elle. Elle sourit tout de même, voilà qu'il se collait à elle. Quelle situation... exaltante était-ce mine de rien.

Elle n'appréhendait plus le moment où ils se retrouveraient quelque part, qu'il soit entouré ou pas. Ces derniers instants lui avaient permis de reprendre une conscience plus ou moins raisonnable. Elle savait contenir ses émotions, elle ne niait plus le fait. Alice avait repris légèrement confiance en elle et était certaine de réussir à ne pas craquer.

L'étreinte était plutôt agréable, il fallait se l'avouer. Et dire qu'elle se laissait faire, c'était dur à imaginer. Et pourtant, il lui mordillait l'oreille, taquin. Elle sourit un peu plus, frissonnant au contact. Mais bien sûr, comme elle s'y était attendue, il avait bien compris qu'elle lui mentait. Alice tournait la tête à sa gauche, pour répondre.

« Que faire à part t'éviter si j'ai conscience que quelque chose nous pousse à... L'interdit dis-moi ? »

Était-ce assez clair pour qu'il comprenne ? Sans doute, de toute façon elle n'avait pas d'autres mots pour expliquer cela.

« Si à chaque fois que l'on se retrouve quelque part, comme aujourd'hui, l'on ne peut se retenir ? »

Elle avait envie que cette journée ne s'arrête pas, mais pour cela, il fallait un coin moins propice aux regards indiscrets. Une minute... Quoi ? Non. Elle ne pouvait pas... Pourtant, elle avait des idées qui lui traversaient l'esprit, à toute vitesse elle réfléchissait.

Alice voulait lui prendre la mian et l'emporter dans une clairière, située dans la forêt interdite. Mais était-ce une bonne idée ? Elle ne le savait pas mais si cela pouvait empêcher le jeune homme de courir un risque, alors ce n'était pas si bête que cela. Un sourire étira ses lèvres et doucement...

« Et si je te kidnappais, juste cette fois ? »

Ou le contraire, elle s'en fichait éperdument.

VII. Secret.

Fallait pas le dire deux fois. Alice se retournait vivement, prenant le garçon par le poignet, doucement. Ses yeux eurent le temps d'observer le coin et miracle, il n'y avait personne pour voir quoi que ce soit. Pourquoi se sentait-elle si satisfaite ? Jouir de quelque chose d'agréable n'était pourtant pas le style d'Alice, alors pourquoi tout était différent avec lui ?
Elle le fixa un moment dans les yeux, puis, sans crier gare, elle l'emmenait vers la forêt interdite. Adoptant une marche rapide, elle l'emportait à la lisère de la forêt et sans dire quoi que ce soit, sa main tenant le poignet déviait, scellant la main du Serpentard avec la sienne. Bon, avouons-le, marcher dans la forêt avec chaussures à talons, ce n'était pas évident, Alice avait l'habitude il ne fallait pas le cacher. Elle passait son temps libre à l'extérieur, soit pour monter dans un arbre, soit pour s'aventurer dans la forêt interdite et précisément là où elle amenait Tom.

« J'aimerais faire ça tout le temps... Ne sois donc pas déçu. »

Tombait-elle dans le piège ? Non, pas vraiment. On pouvait cependant croire le contraire, mais ce n'était pas le cas. Ce n'était pas son charisme qui attirait Alice, c'était surtout sa façon d'être, son caractère. Elle ne le laisserait pas filer entre ses doigts et lui n'y tenait peut-être pas non plus. S’ils s'oubliaient, il y avait de fortes chances que se passe comme aujourd'hui. Et puis, elle lui laissait de la liberté, ce n'était pas comme si elle s'accrochait à lui comme une pot de colle. Alice n'était pas le genre à toujours être présente autour de quelqu'un d'intéressant. S’ils se croisaient, ce ne serait pas vraiment si différent, mais elle ne serait tout de même pas un poids. Déjà qu'elle ne supportait pas les relations humaines, la voir dans une situation de "groupie" était inimaginable.

Ils arrivèrent au lieu qu'Alice voulait qu'ils soient. Une clairière plutôt silencieuse, où les rayons solaires traversaient à certains endroits les arbre géants de la forêt. Il fallait descendre une petite butte pour y aller et la kidnappeuse, tenant toujours la main de sa "victime", se mit à descendre en premier, prudente. Arrivés en bas, Alice s'arrêtait, se retournant vers Tom. Elle s'approcha de lui et se baissait à son oreille, passant une main sur la nuque du jeune homme.

« Ce sera notre... Petit secret. »

Et lentement, Alice scellait leurs lèvres.